J’ai eu la chance de dispenser une semaine de cours aux étudiants du CFJ Lyon sur la production de contenus optimisés sur TikTok.
Le programme a été une alternance de phases pratiques et théoriques :
- Production de deux vidéos optimisées pour TikTok,
- Tests d’outils de veille numérique,
- Analyses statistiques vidéo sur les réseaux sociaux;
Cette semaine a été riche en enseignements. Voici les principales leçons tirées.
Savoir être à l’écoute des craintes et des réserves
La première problématique soulevée par les apprentis journalistes était de réussir à concilier leurs objectifs éditoriaux avec les bonnes pratiques du réseau social TikTok. J’ai entendu par exemple la crainte de se retrouver ‘à faire le clown’ et de perdre toute crédibilité.
C’est une crainte légitime et quelle que soit la plateforme, j’estime que le formateur doit être à l’écoute des réserves pour les retranscrire en objectifs.
L’idée est de trouver ensemble des éléments de réponse à la question suivante : Comment trouver l’équilibre entre informer et divertir pour rester crédible en tant que journaliste ?
Une fois la réserve initiale passée, les étudiants ont su s’adapter aux codes et produire des contenus bluffants de qualité et d’originalité.
Prendre le temps de la création
Une journée entière a été dédiée à la production de chaque vidéo. Je considère que la conception de vidéos TikTok requiert du temps. Ce type de plateforme priorise le contenu original incarné, la créativité et exige une fréquence élevée de publication.
Une journée n’est pas de trop pour respecter les étapes de création :
- Veille sur la plateforme
- Validation du sujet et de l’angle
- Recherche d’informations
- Écriture du script et du storyboard
- Tournage
- Montage
- Publication
Il est important pour chaque éditeur de comprendre et d’accepter l’investissement requis pour produire du contenu original et de qualité sur la plateforme. A contrario, si l’éditeur n’a ni les moyens, ni la volonté de libérer les ressources nécessaires, autant ne pas aller sur la plateforme plutôt que faire les choses à moitié.
Adopter une méthode hybride de production
L’avantage d’avoir produit successivement deux vidéos est la possibilité d’apprendre collectivement des erreurs commises et d’apporter des corrections.
Ma demande pour la première vidéo réalisée a été de se restreindre à une production exclusivement native. J’ai demandé aux étudiants de filmer, monter et habiller leur vidéo sur TikTok sans passer par un logiciel de montage.
Lors du debriefing, nous avons observé des erreurs manifestes de montage, notamment concernant la qualité audio (variations du niveau entre les plans).
L’enseignement ici est qu’une approche hybride de production permet de régler les erreurs grossières de production sans trahir les codes de la plateforme.
Je recommande donc de suivre les étapes suivantes :
- Filmer les plans en vertical sur smartphone,
- Ajuster la colorimétrie et les niveaux audio sur un logiciel de montage,
- Intégrer les plans corrigés et finir le montage et l’habillage dans l’application TikTok;
Cette procédure permet de rehausser la qualité de la production sans pénaliser le contenu sur l’application.
Apprendre les uns des autres
Sur ce type d’outil, il est important pour l’apprenant de ne pas adopter une posture d’expert trop rigide. Je pense que l’approche pédagogique doit offrir la majorité du temps à la mise en pratique et au diagnostic partagé.
Les vidéos étant incarnées sur Tiktok, leur évaluation face au groupe constitue un moment délicat pour chaque apprenant. Le debriefing doit être introduit par un rappel des règles de respect, de bienveillance et d’esprit constructif.
L’idée est de ne pas parler d’échec mais d’apprentissage et d’expérimentation.
De toute façon, il est fondamental pour un journaliste de rester humble face aux réseaux sociaux. C’est au journaliste de s’adapter à la plateforme et pas l’inverse. De fait, l’expérimentation par l’erreur est incontournable.
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